NAISSANCE ET VIE DE L'HOTEL DU POURTALET
Ce texte est la copie d'un article paru dans le journal de notre ami Jean CLAUDE REBEILLE  que nous ne remercierons jamais assez.                                     (Montagne Pyrénées Nr 43 de Juillet 1998)
**************  début de copie de l'article **********************
Il y a 60 ans, naissait : l'hôtel du Col du Pourtalet.
Au col du Pourtalet, il y a bien longtemps que français et espagnols des vallées d'Ossau et de Tena ont tissé des liens.Qu'ils soient bergers ou artisans, entrepreneurs ou commerçants, leur avenir était lié.
Au Pourtalet, l'histoire commence avec le siècle : (20 ème NDLR)
1900 : une socièté industrielle des Pyrénées Centrales dont le siège était à Madrid devient concessionnaire du gisement de spath fluor d'Anéou, appartenant au syndicat du bas Ossau.

1903 : Jean Pierre CASADEBAIG, entrepreneur de travaux publics exploitait et expédiait le minerai, descendu dans des charrettes jusqu'à la gare de Laruns.Un gisement se trouvait côté espagnol et l'autre gisement côté français. Celà explique que déja à cette époque, il employait de la main d'oeuvre espagnole et française.

Le 8 Février 1933 : Jean Pierre Casadebaig adressa au président du Bas Ossau une demande d'autorisation de construire un abri qui pourrait être plus confortable pour loger ses ouvriers, servir également de refuge pour les pâtres et les bergers et qui pourrait être ouvert pendant la bonne saison aux touristes et voyageurs.
Le premier bail fut passé le 25 avril 1933. L'hôtel dans sa première version fut terminé en 1937.
Depuis cette date, il a toujours été un centre de rencontre et d'amitiè franco-espagnole (qui dure encore aujourd'hui)

Un travail de Titan.
On imagine mal les difficultés rencontrées à cette époque pour construire en haut d'un col, alors perdu, un bâtiment de cette ampleur.
Imaginez un peu le chantier : Il fallait tout monter depuis PAU (sable, ciment,ferraille etc...)
Pourtant, malgré ces difficultés,le résultat fut parfait. Cette construction résiste depuis plus de 60 ans aux vents et aux intempéries.Il y eut des années où en plein hiver la neige arrivait jusqu'au toit.
Jean Pierre avait pu compter sur l'aide de ses enfants (ils étaient 12, 7 garçons et 5 filles).
Jean Baptiste était chauffeur, Marcellin, responsable du chantier, était maçon, l'épouse de Jean Pierre s'occupait de la subsistance avec les moyens du bord : l'eau venait d'une source et le reste était à l'avenant (à 1795 mètres d'altitude et presque au bout du monde... Imaginez cela en 1937).

Une famille solidaire...
Ses filles l'entouraient et l'aidaient. Qui ne se souvient de l'accueil de " Marraine ", de Tante Aimée, de Jeanine ?
Qui a oublié les énormes pots de garbure dont la réputation allait bien loin ?
Malheureusement, la guerre arriva. Les quatre fils ainés durent partir se battre et furent faits prisonniers.
Coup terrible pour Jean Pierre et Marie. Ils furent anéantis et leur vie bascula.
Après la guerre, en 1946, commença la construction du barrage de Fabrèges et la route fut coupée.On ne pouvait plus accéder au Col du Pourtalet qu'à pied.Le ravitaillement se faisait
une fois par semaine,
à dos d'homme.

Frappée par le destin
Jean Pierre dont la santé déclinait, mourut le 15 mars 1948 et son fils Pierre le suivit dans la tombe 15 jours plus tard, le 1er février 1948, foudroyé par une méningite à 31 ans. Comme si le sort leur en voulait, les deuils se succédèrent, assombrissant profondément cette belle vie de famille.
Marraine, bien que très éprouvée, trouvait encore assez de force et de foi pour tenter de remonter le moral des autres.Femme admirable s'il en fut, elle continua avec Jacques, Henri, Léon, Aimée et Jeanine. Henri et Léon, furent longtemps deux piliers montagnards de l'amitié dans leur hôtel où tous les amoureux de l'Ossau et du Cirque d'Anéou étaient surs de retrouver ambiance familiale et chaleur fraternelle.
C'était le temps heureux où, après la garbure et le fromage, on racontait des histoires de courses en montagne, de chasse à l'isard et de rugby. Des joueurs de légende ont fréquenté cet hôtel, citons au hasard, Théo Cazenave, Moncla, Robert Barran, Jean Prat, MichelCrauste, Roques, Marcel Bordenave et pardon pour tous ceux qui se sentiront "oubliés".
Bien souvent on pouvait entendre dans la grande salle de cet hôtel les plus beaux chants montagnards. Que le vie était belle et qu'on était bien, entre amis, sans télévision, sans téléphone, sans electricité, mais avec beaucoup de chaleur dans le coeur.
On ne peut qu'être admiratifs devant ce couple qui a élevé 12 enfants qui ont su, à leur tour, continuer à distribuer bonté et gentillesse. Il ne reste malheureusement à ce jour, que Jeanine qui vit en vallée de Barétous. Tous les autres ont disparu, mais ont laissé dans la Vallée d'Ossau et bien au-delà, un souvenir impérissable. C'était  une " Grande Famille", dans tous les sens du terme, puisqu'en seulement deux générations, on comptait 87 personnes.
Actuellement, l'hôtel du Col du Pourtalet est toujours en activité. L'amitié franco-espagnole ne s'est toujours pas perdue puisqu'au contraire, Monique, descendante directe a épousé Antonio, un espagnol de Sallent de Gallego.

Bon accueil et gentillesse :
Et lorsque revient la bonne saison, ils perpétuent la coutume d'accueil sympathique, d'amitié, de fraternité et de gentillesse de leurs ainés.On entend encorelorsque montent les troupeaux et que les bergers se retrouvent eux aussi comme leurs parents, dans cet établissement, les mêmes chants montagnards qu'à "la bonne époque".
Souvent, on entend même des accents espagnols mêmés aux accents ossalois.

L'Europe avant l'Heure.
C'était, on  peut le dire, une petite Europe avant l'heure, sans gouvernement central, sans technocrates bornés, mais avec des citoyens simples et chaleureux.
Longue vie à l'hôtel du Col du Pourtalet, longue vie à l'amitié entre voisins, longue vie aux coutumes et, à Bientôt, "la-haut"! "

***** FIN DE LA COPIE DE L'ARTICLE **** auteur original : Jagouar : ****************
Retour HôtelMenu Nouvelles